Longue attente
Voilà une belle histoire pourtant dure, car longue est l'attente de ces mères, ces épouses qui vont voir leurs fils et maris partir pour l'Europe dans l'immense espoir d'en revenir riches pour améliorer considérablement le quotidien de ces habitants d'une île sénégalaise. Habitants qui vivent au jour le jour de la pêche de moins en moins poissonneuse puisque les européens viennent pêcher massivement jusqu'ici, qui n'ont pas le confort de l'eau courante ou du réfrigérateur... Ainsi se ponctuent les journées de toutes ces tâches ménagères contribuant à remplir les ventres des enfants et des petits enfants jamais vraiment rassasiés. C'est aussi l'ardoise qui ne cesse de s'allonger chez l'épicier, le mari que l'on n'a pas choisi et qui se montre dur, et parfois les co épouses et leurs brues à partager, le soleil qui cogne tout au long de la journée, et puis les commérages souvent blessants pour le coeur de ces femmes et toujours cette attente qui dure plus que quelques mois, plus durement ressentie lorsqu'arrive l'heure du coucher... Fatou Diome a les mots pour nous transporter au Sénégal, elle écrit dans ce style que j'imagine très africain, rempli de ces phrases métaphoriques, à la fois si poétiques, si puissantes et tellement aptes à nous faire ressentir cette attente si longue, si oppressante. La condition de la femme au Sénagal est précisément décrite. Et puis notre Europe et ses règles d'immigration, mais aussi son aide au développement n'est pas épargnée, Fatou Diome semble connaître son sujet dans ce roman d'actualité. Un roman qui nous permet de mieux percevoir ce qui se joue dans cette émigration vue du côté de ceux qui sont restés au pays. Beaucoup d'émotion. Je vous le recommande !
Celles qui attendent, Fatou Diome