Un goût de cannelle et d'espoir
Deux histoires parallèles qui se rejoignent. Le passé, dans l'Allemagne de fin 1944, une boulangerie, une famille de "bons aryens" dont l'une des filles vit dans un Lebensborn, une de ces horribles inventions du nazisme dans le but d'obtenir une patrie de citoyens "parfaits", et surtout Elsie, la cadette, qui va devoir cacher un enfant juif dans le mur de sa chambre. Le présent, c'est une jeune journaliste, Reba, qui vit au Texas, près de la frontière mexicaine et ce que cela suppose. Dans le cadre d'un article sur les Noël dans le monde, elle se rend dans une boulangerie allemande. Ce roman parle des femmes, des désirs de chacun, de notre capacité à faire des choix de vie, de la vie dans une ville allemande à la fin de la guerre avec ce que cela suppose d'endoctrinement, d'ignorance face aux événements réels, mais aussi le sentiment d'injustice vis à vis des promesses non tenues du Parti... C'est dur, et en même temps, c'est un livre gourmand, parce que les actions se situent surtout dans les boulangeries, parce que nos héroïnes sont gourmandes, malgré les restrictions, externes ou qu'elles se donnent. Et puis, il y a des hommes autour de ces femmes, des hommes qui tiennent à respecter la loi parce qu'ils pensent qu'elle est nécessairement bonne ou peut-être pas tant que ça, encore des choix à faire... Il y a également un parallèle entre la situation des juifs cachés et des mexicains qui tentent la traversée du Rio Grande.
Le fond est dur, tant dans le passé que dans le présent, mais il y a aussi beaucoup d'espoir, l'espoir que les êtres humains sont majoritairement bons, l'espoir que l'on peut changer les choses, l'amour aussi, l'espoir que même quand tout paraît noir, il y a des touches de lumière ici et là, qu'il faut savoir les attraper, les faire grandir, oser...
A un moment, j'ai crains un peu de mièvrerie, ce ne fut pas le cas, tout me semble plausible dans cette histoire, rien n'est trop beau pour être vrai. E si cela n'enlèvera jamais rien à l'horreur que fût cette deuxième guerre mondiale, il est bon de savoir que de telles histoires sont arrivées, qu'il y a eu des justes de tous bords, que l'âme humaine n'est pas si noire. Je garde donc en mémoire un très bon souvenir de cette lecture.
Bonus : les recettes des délices dont on parle dans le roman sont à la fin du livre !
Et le fait d'avoir abordé les Lebensborn me donne encore plus envie de lire Max de Sarah Cohen-Scali entièrement dédié au sujet...
Sarah McCoy, Un goût de cannelle et d'espoir.