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Aux petits bonheurs de Sophie
24 août 2016

Comme si j'étais seul /lectures de vacances #3

Le grand intérêt de ce roman réside dans son analyse de la situation à travers 3 personnes touchés différemment selon leurs rôles respectifs.
Il y a Dražen, le yougolsave, né en Bosnie-Herzégovine de parents croates, il n'avait pas l'intention de prendre part au conflit et préférait la fuite vers la Suisse, mais, trompé, il se retrouve acculé à faire le choix qu'il regrettera amèrement, d'entrer dans l'armée serbe. Au fil des mois, il va prendre conscience que pour ne pas mourir (et alors laisser une veuve et une orpheline), il va devoir se conformer aux ordres et pratiques de son bataillon qu'il réprouve pourtant de tout son être (viol collectif, exécution d'innocents...) après de vaines tentatives de rebellion. La phrase au dos du livre résume bien sa situation "A Srebrenica, la seule façon de rester innocent était de mourir". Il raconte ce qu'il ressent.
Il y a Dirk, le hollandais qui semble se demander ce qu'il fait là, le militaire de carrière qui n'avait pas imaginé l'ampleur de sa mission en tant que soldat de l'ONU, il n'aime pas les paysans qu'il doit protéger, il déteste l'idée de devoir rester neutre alors qu'on leur tire dessus, il se sent totalement impuissant devant ce à quoi il assiste... Lui aussi nous livre ses impressions.
Et puis, il y a Romeo, juge espagnol qui siège au Tribunal pénal, un an après la fin du conflit. Il doit statuer sur le cas de Dražen qui s'est livré en tant que participant au massacre. Nous assistons aux débats qui ont lieu dans son esprit, avec ses collègues, pour savoir si ce soldat doit être condamné pour ce qu'il a fait, ou être absout parce qu'il n'a fait que suivre les ordres, qu'il est l'un des seuls que l'on peut juger car les vrais coupables ont su disparaître... Ces chapitres sont écrits à la 3ème personne, peut-être pour donner une certaine distance vis à vis du conflit auquel, contrairement aux deux autres, le juge n'a pas directement pris part ?
Ce roman est extrêmement intéressant par son côté objectif, il nous laisse nous faire notre propre opinion sur chacun et surtout voir qu'un choix qui semble anodin au départ, voire "justifié" d'une certaine façon, entraîne vers des conséquences que l'on n'a pas désiré, et de se poser la question "et là, une fois ce choix posé, j'aurais fait quoi moi ?"

Le tire Comme si j'étais seul, je l'entends "comme si j'étais seul pour faire des choix alors qu'ils s'imposent à moi, que puis-je faire d'autre ? si j'étais seul, peut-être aurais-je agis différemment ?"

Ce n'est pas un "roman captivant", il est dur, mais pas inutilement et pas dans le but de "faire pleurer dans les chaumières", il vaut vraiment la peine d'être lu, pour ne pas oublier, pour ne pas juger trop rapidement... Je le recommande très chaudement.

DSC08818

Comme si j'étais seul, Marco Magini

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Commentaires
N
pourquoi pas, mais pas pendant les vacances, ou je ne veux pas "réfléchir"....
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S
Je suis pacifique et n'aime pas la guerre, créée par les hommes, mais effectivement, il faut lire ces livres afin de savoir, ne pas oublier et surtout ne plus avoir l'envie de recommencer (à faire la guerre)
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