Le pouvoir du chien

4 mai 2019

Sur la table de présentation des auteurs américains à la librairie, j'ai jeté mon dévolu sur cet ouvrage de 1967.

L'histoire se déroule dans un ranch du Montana dans les années 20. Ce sont des années charnières qui font entrer l'Amérique dans la modernité de l'électricité et des moteurs... Phil et George sont frères, ils sont restés dans le ranch des parents qui sont partis couler leur retraite ailleurs. Tout les oppose, mais ils sont inséparables. Phil est un conservateur (du type "cétaimieuxavantiste") et voudrait que rien ne change, il pense également qu'un homme doit être dur au mal, aussi, il travaille sans gants, sans fioritures, méprise toute faiblesse, mais sait reconnaître la beauté d'un lieu, d'un travail artisanal pour peu que cela soit utile ensuite. C'est un texte très bien écrit qui demande aussi au lecteur de remplir tous les non-dits, d'imaginer tout ce qui est suggéré, de savoir faire le lien entre deux moments qui ne semblent pas se suivre directement, comme si l'auteur avait voulu faire une économie d'histoire sachant qu'il suffirait de poursuivre sa lecture pour comprendre ce qui s'est passé entre les deux... Phil repense beaucoup au passé, à un homme qu'il a admiré et qui lui a appris le métier, il ne suppporte pas l'idée que son frère se marie avec une veuve qu'il déstabilise dès qu'il en a l'occasion, plus par des silences et des attitudes que des mots, mais il se lie d'amitié avec le fils de cette dernière, un jeune garçon intelligent qui économise également ses mots...

A travers le texte, bien que cela ne soit jamais exprimé clairement, on devine que Phil refoule une homosexualité latente ce qui expliquerait son mépris de tout ce qui est féminin, non viril à ses yeux. Il a la haine envers tout ce qui est différent de lui (les indiens, les juifs...), cette typique attitude de l'homme qui préfère le mépris et la haine, face à tout ce qui lui fait peur, comme malheureusement bien des gens sur cette planète pour qui il est plus facile de détester, de rejeter, que chercher à connaître, d'accuser l'Autre de ses malheurs plutôt que chercher des solutions... Un roman finalement très actuel.

J'ai vraiment apprécié la fin.